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La fête orthodoxe de la dormition de la Très Sainte Mère Dieu et toujours Vierge Marie, est la dernière des douze grandes fêtes de l’année liturgique. la Dormition de la Vierge Marie est le jour de la mort de Marie, la mère du Sauveur. Elle se célèbre chaque année le 15/28 août selon le calendrier suivi. La couleur liturgique de la fête est le bleu, de nombreuses célébrations dédiées à la Mère de Dieu sont de cette nuance.
Un jeûne strict de la Dormition , qui dure deux semaines, du 14 au 27 août, précède la fête. Il est le plus court des grands jeûnes de l’année liturgique. L’Église invite les croyants à l’observer avec une rigueur comparable à celle du Grand Carême.
Avec La Dormition de la Mère de Dieu, la promesse de la vie éternelle a commencé à se réaliser pour toute l’humanité. Et la Très Sainte Théotokos est ainsi la principale suppliante et intercesseuse de toute l’Église auprès de son Fils. Les chrétiens orthodoxes célèbrent la Dormition de la Mère de Dieu, de la Théotokos, en exprimant leur espérance face à la mort. En honorant ce mystère, ils affirment que la mort ne met pas fin à notre existence, mais qu’elle ouvre la voie à la Résurrection.
Les chrétiens orthodoxes appellent d’ailleurs cette fête la « petite Pâques », car elle proclame, à l’image de la Résurrection du Christ, la victoire de la vie sur la mort.
icône de La Dormition, 15 -ème siècle
Sommaire
Histoire de la fête de la Dormition de la Bienheureuse Vierge Marie
Les Évangiles ne rapportent rien sur la Dormition de la Mère de Dieu. Ils ne décrivent pas ce qui est arrivé à Marie après l’Ascension de son Fils. Nous savons uniquement que la Sainte Vierge Marie fut confiée à l’apôtre Jean. Elle demeura dans le jeûne et la prière, et dans le désir de voir son Fils.
La Très Sainte Mère de Dieu devint la Mère commune de tous les disciples du Christ. Auprès d’elle, ils priaient et écoutaient ses conversations sur le Sauveur. De nombreux croyants venaient de pays lointains pour voir et écouter la Mère de Dieu.
Seuls les textes apocryphes évoquent les derniers jours de la Vierge Marie. Selon eux, l’archange Gabriel apparut à Marie pendant sa prière. C’est le même Archange Gabriel qui lui annonça qu’elle donnerait naissance à un fils qui deviendrait le sauveur de l’humanité. Il lui annonça cette fois qu’elle rejoindrait bientôt son Fils dans la gloire.
« Ton Fils et notre Dieu, avec les archanges et les anges, les chérubins et les séraphins, avec tous les esprits célestes et les âmes des justes, te recevra, toi sa Mère, dans le Royaume des cieux, afin que tu vives et règnes avec lui pour les siècles des siècles. »
Trois jours plus tard, la Mère de Dieu nait au ciel. Elle rend paisiblement son âme à Dieu. Avant cela, elle prit congé des apôtres, et à ses proches réunis de tous les coins du monde à Jérusalem. Ils vinrent de toutes les régions pour lui dire un dernier adieu terrestre. Selon la tradition ecclésiastique, le corps de la Mère de Dieu fut emporté au ciel.
Selon la volonté de la Très Sainte Théotokos, elle fut enterrée près de Jérusalem, dans le jardin de Gethsémani. Dans la grotte, là où reposaient les corps de ses parents, les saints Joachim et Anne, ainsi que du juste Joseph le Fiancé.
Tropaire et Kondakion de la Dormition de la Très Sainte Théotokos
Tropaire, ton 1 Dans ta maternité tu as gardé la virginité, / lors de ta Dormition tu n’as pas abandonné le monde, ô Mère de Dieu. / Tu as été transférée à la Vie, / toi la Mère de la Vie. // Par ton intercession délivre nos âmes de la mort.
Kondakion, ton 2 Ni le tombeau, ni la mort n’ont pu retenir la Mère de Dieu, / infatigable dans ses intercessions, / espérance inébranlable dans sa protection ; / elle qui est Mère de la Vie, / Il l’a transférée à la vie, // celui qui demeura dans son sein toujours vierge.
Icône de la fête de la Dormition de la Mère de Dieu
Comme chaque icône, l’icone de la fête de la Dormition de la Mère de Dieu suit le récit évangélique. Cette fête indique que La Mère de Dieu monte à la Jérusalem céleste sur le trône de gloire . Les saints Denys l’Aréopagite, Côme de Maiuma et Jean Damascène sont les créateurs de textes liturgiques dédiés à la fête de la Dormition.
En Haut, Le halo ovale et les rangs d’anges autour du Christ sont des symboles de la gloire de Dieu. En gris autour du Christ, les 7 anges comme les sept jours de la Création et le 8e viennent recevoir l’âme de Marie et chantent:
« Réjouis-toi, ô Bienheureuse, le Seigneur est avec toi, bénie sois-tu entre toutes les femmes ! Voici que la Reine, la Vierge de Dieu, est venue, lève les portes et élève-la au-dessus du monde, Mère éternelle de Lumière ; car par elle s’est accompli le salut de toute l’humanité. Nous ne pouvons la regarder et sommes impuissants à lui rendre l’honneur qui lui est dû »
L’enfant dans les bras du Christ est l’âme de la Vierge Marie
Au centre, La Vierge Marie repose sur un lit recouvert d’un drap cramoisi . Le cramoisi est un attribut traditionnel de pouvoir, indiquant ici la dignité royale de la Sainte Vierge.
Les personnes autour du lit de la Vierge Marie sont les apôtres et les femmes en pleurs de Jérusalem.
Le prêtre juif Athonius , qui tenta de renverser le cercueil de la Sainte Mère de Dieu pendant la procession vers Gethsémani et fut puni par un ange.
Contenu théologique de la fête orthodoxe de La Dormition de la Mère de Dieu
Nous célébrons dans la joie la Dormition de la Mère de Dieu, fête lumineuse où triomphe comme à Pâques l’espérance sur la mort.
Après son bienheureux repos, le Seigneur Dieu et sauveur Jésus-Christ ressuscita sa Mère toute pure. Ainsi, après Lui-même, elle fut la première des êtres humains à entrer dans la vie incorruptible de la Résurrection. En elle, la promesse de la vie éternelle a commencé à se réaliser pour toute l’humanité. Elle devient ainsi la principale suppliante et intercesseuse de toute l’Église auprès de son Fils.
La Mère de Dieu: Reine du ciel
Le Christ ne s’est pas contenté de l’accueillir dans le Royaume : Il l’a glorifiée. Il l’a élevée dans la gloire céleste. Il lui a donné la place d’honneur, et l’a faite Reine auprès de Lui — Dame de toute la création céleste et terrestre. En tant que Mère du Roi céleste, l’Eglise la déclare Reine du Ciel, Reine des saints anges et des saints hommes.
C’est pourquoi nous appelons cette mort « Dormition ». : pour celle qui a porté la Vie en son sein, la mort n’ait pas une fin. Elle s’est simplement endormie — et le Christ l’a éveillée dans la lumière éternelle du Royaume céleste.
Et ce qu’Il a fait pour sa Mère, Il veut aussi le faire pour chacun de nous. En ressuscitant sa Mère très pure, le Seigneur manifeste qu’Il a déjà triomphé de la mort. Qu’Il a brisé les chaînes de ténèbres. Et qu’Il a fait luire dans le monde la lumière de la vie éternelle.
Voilà pourquoi les premiers chrétiens parlaient du « sommeil » des fidèles. Chez les orthodoxes, nous disons « s’est endormi dans Le seigneur ». Ainsi, comme après une nuit on se réveille, de même après la mort viendra la Résurrection. Ce que nous célébrons aujourd’hui n’est pas seulement un événement passé, mais une annonce de notre avenir en Christ.
Le Christ nous appelle à vivre dès maintenant avec Lui. Et sa Mère très sainte intercède pour nous guider vers la Résurrection.
Sermon sur la Dormition de la Très Sainte Mère de Notre Seigneur et Vierge Marie
Par Saint Théophane le Reclus (1815–1894)
La Très Pure fut indiciblement heureuse d’apprendre une telle nouvelle et commença à se préparer. Le jour de sa mort, sur ordre de Dieu, tous les apôtres, dispersés à travers le monde pour prêcher, apparurent miraculeusement à Jérusalem, à l’exception de l’apôtre Thomas. Ils furent témoins de sa mort paisible, silencieuse, sainte et bénie. Le Seigneur Jésus-Christ lui-même , dans sa gloire céleste, entouré d’une multitude innombrable d’anges et d’esprits justes, apparut pour recevoir l’âme de sa Très Pure Mère et l’éleva glorieusement au ciel.
Ainsi prit fin la vie terrestre de la Très Sainte Vierge Marie ! Avec des lampes allumées et des psaumes chantés, les apôtres transportèrent le corps de la Mère de Dieu à Gethsémani, où ses parents et Joseph sont enterrés. Les grands prêtres et les scribes incrédules, stupéfaits par la grandeur du cortège funèbre et aigris par les honneurs rendus à la Mère de Dieu, envoyèrent serviteurs et soldats disperser les accompagnateurs et brûler le corps de la Mère de Dieu. Le peuple et les soldats, exaltés, se ruèrent furieusement sur les chrétiens, mais furent frappés de cécité. À ce moment, le prêtre juif Athonius passa. Il se précipita vers le cercueil avec l’intention de le jeter à terre ; mais à peine avait-il touché le cercueil qu’un ange lui coupa les deux mains ; les parties sectionnées pendaient près du cercueil, et Athonius lui-même tomba à terre en poussant un cri.
Le cortège de La Mère de Dieu
L’apôtre Pierre arrêta le cortège et dit à Athonius : « Sois convaincu que le Christ est le vrai Dieu. » Athonius confessa aussitôt que le Christ était le véritable Messie. L’apôtre Pierre ordonna à Athonius de se tourner vers la Mère de Dieu par une prière fervente et de déposer les restes de ses mains sur les parties pendues près du lit. Après cela, les mains se rejoignirent et guérirent, ne laissant à l’endroit de l’amputation que des marques visibles. Les aveugles et les soldats touchèrent le lit avec repentir et recouvrèrent la vue non seulement physique mais aussi spirituelle, et tous rejoignirent le cortège avec révérence.
Le troisième jour après l’enterrement de la Mère de Dieu, l’apôtre Thomas, absent par la volonté de Dieu, arriva et souhaita voir son tombeau. Thomas demande que l’on ouvre le tombeau, or le corps de La mère de Dieu n’y était pas. Pendant leur repas, les apôtres aperçurent la Très Sainte Vierge dans les airs, vivante, entourée d’une multitude d’anges. Debout, illuminée d’une gloire ineffable, la Mère de Dieu dit aux apôtres : « Réjouissez-vous ! Je suis toujours avec vous ! » ; les apôtres s’exclamèrent : « Très Sainte Mère de Dieu, aidez-nous. » Cette apparition de la Mère de Dieu convainquit pleinement les apôtres, et par eux toute l’ Église , de sa résurrection. À l’image de la Très Sainte Vierge Marie, qui visitait souvent les lieux que son Fils et Dieu sanctifiait de ses pieds très purs, une coutume naquit parmi les chrétiens de visiter les lieux saints.