Homélie La Foi du Centurion

Homélie La Foi du Centurion et la paralysie du serviteur – dimanche 06/07/2025 – Mt 8, 5-13- 4ème dimanche après la Pentecôte.

Lecture de l’Évangile selon saint Matthieu  (Mt VIII,5-13)
Comme Jésus entrait dans Capharnaüm, un centurion l’aborda, le priant et disant : « Seigneur, mon serviteur est couché à la maison, atteint de paralysie et souffrant beaucoup. » Jésus lui dit : « J’irai, et je le guérirai ». Le centurion répondit : « Seigneur, je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit ; mais dis seulement un mot, et mon serviteur sera guéri. Car, moi qui suis soumis à des supérieurs, j’ai des soldats sous mes ordres ; et je dis à l’un : “Va !” et il va ; à l’autre : “Viens !” et il vient ; et à mon serviteur : “Fais cela !” et il le fait. » Après l’avoir entendu, Jésus fut dans l’étonnement, et il dit à ceux qui le suivaient : « Je vous le dis en vérité, même en Israël je n’ai pas trouvé une aussi grande foi. Or, je vous déclare que plusieurs viendront de l’orient et de l’occident, et seront à table avec Abraham, Isaac et Jacob, dans le royaume des cieux. Mais les fils du royaume seront jetés dans les ténèbres du dehors, où il y aura des pleurs et des grincements de dents. » Puis Jésus dit au centurion : « Va, qu’il te soit fait selon ta foi ». Et à l’heure même le serviteur fut guéri.

Chers frères et sœurs en Christ,

Nous voici réunis en ce jour pour écouter, recevoir, communier à cet Évangile merveilleux, celui du centurion qui demande la guérison de son enfant.

Dans l’Évangile de Luc, on parle d’un esclave, bien que le centurion le nomme quand même « mon enfant ». Cet enfant, celui dont le Christ nous demande de ressembler pour entrer dans le Royaume des Cieux, est au plus profond de nous-même, c’est l’enfant divin en nous. Le centurion s’approche en disant que son enfant gît dans sa maison, son Temple intérieur .. Atteint de paralysie et souffrant atrocement !

Comme cette situation nous est familière, combien de fois au moment de lâcher prise, de nous abandonner à l’Amour infini de Dieu, de traverser nos difficultés et de lutter face à la tentation, nous restons paralysés, enfermés dans un état qui nous fait dire : « Non, c’est trop dur de se mettre en mouvement vers Toi Seigneur, laisse-moi dans ma misère, personne ne peut m’aider. ». Trop souvent nous faisons barrage au Christ en nous parce que Sa Présence implique des changements, parfois importants, dans nos vies. Cela est difficile parce que nous avons besoin d’être rassurés. Paradoxalement, c’est dans le Silence bruyant de Dieu que nous crions le plus vers Lui.

C’est cette même paralysie qui atteint la belle-mère de Pierre qui souffre de la fièvre, elle est porteuse d’un désir brûlant de Dieu mais mal orienté et ce feu la consume au lieu de la vivifier, cette même paralysie qui atteint le paralytique porté par la prière de 4 compagnons, cette même paralysie qui atteint l’infirme au bord de la piscine et qui attend Dieu là où Il n’est pas. Ce sont toutes les parties de notre être qui refusent de s’abandonner à la foi, qui refusent l’Amour de Dieu, qui refusent la Lumière du Christ. Elle s’exprime sous différentes formes, la peur, ne pas oser, le manque de confiance, nos préjugés. On aimerait tellement souvent être ce que nous ne sommes pas, au lieu de traverser cet enfer intérieur et devenir qui nous sommes réellement par la Grâce de Dieu.

C’est ici que le désespoir est proche, au moment où nous laissons et acceptons cet état de mort, de paralysie, de souffrance prendre racine dans notre cœur et faire de nous un esclave.

Mais que faire ?

Reprenons l’Évangile en observant le centurion qui s’approche du Seigneur dans un acte de foi. Il ne lui demande pas de venir à lui, il expose juste sa situation difficile, il prie le Christ pour la souffrance de son enfant. Il s’approche avec une foi humble, confiante, c’est comme si cette foi était tout ce qui lui restait. C’est d’ailleurs le cas. Mais rappelons-nous que la foi est un Don de Dieu, et jamais le résultat méritant de nos actions, aussi bonnes sont-elles.

Le Christ propose immédiatement de venir chez lui le guérir, ce à quoi le centurion expose son indignité. Pas une indignité culpabilisante, il n’y a d’ailleurs pas de culpabilité en Dieu, pas une indignité paralysante, une indignité qui laisse la porte ouverte à l’action de Dieu dans nos vies. C’est le sens même de ce passage de la prière de Jésus : « Aie pitié de moi ».

Autrement dit : « Regarde Seigneur, ma petitesse, ma faiblesse, sans Toi je ne suis rien, sans toi je ne peux rien faire ! ». C’est précisément cette indignité qui nous rend dignes de la venue du Christ dans notre cœur, dans notre vie. C’est avec cette indignité pleine d’amour, de confiance et d’espérance, que nous approchons également les Sacrements de l’Eglise en nous adressant au Seigneur, « oui je suis complètement indigne de recevoir tout ce que tu me donnes, mais vois ma foi, mon désir, sois moi Miséricordieux ! Seigneur, me voici tel que je suis. »

On pourrait également appeler cette indignité, la crainte de Dieu. Nous le disons tous à chaque Liturgie, au moment de la prière de communion, « Et rends moi digne de participer, sans encourir de condamnation, à Tes Mystères très Purs. »

Chose étonnante, Jésus est admiratif de cet acte de foi. Il est admiratif parce qu’Il voit sa créature, son enfant, qui malgré sa difficulté, s’approche de Lui avec foi : « Dis seulement un mot et mon enfant sera guéri. »

Quelle confiance ! Comment s’approcher d’une telle foi ? Lorsque les disciples demandèrent au Christ : Augmente en nous la foi ! Le Seigneur leur répond qu’avec leur foi grosse comme un grain de sénevé, s’ils disaient à ce mûrier de se déraciner et d’aller dans la mer, il obéirait. Ou encore même de déplacer des montagnes !

Le grain de sénevé est une graine minuscule ! Mais qui en grandissant devient la plus grande des plantes potagères, devient un arbre capable d’abriter les oiseaux du ciel.

La foi se cultive, se nourrit, cette minuscule semence posée par Dieu dans la terre de notre cœur doit être aimée, arrosée, protégée au travers de tous les moyens que l’Eglise nous propose : la prière, les Sacrements, le jeûne, la charité, … Afin de grandir.

Saint Paul nous dit que c’est par la grâce que nous sommes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de nous, c’est le don de Dieu. C’est d’ailleurs grâce à elle que le Christ nous guérit, « Ta foi t’a sauvé ». Il ne dit pas « Je t’ai sauvé ». Saint Paul nous dit aussi que nous aurions beau avoir toute la foi jusqu’à transporter les montagnes, s’il me manque l’amour, je ne suis rien.

Alors chers frères et sœur, que voyons-nous ici, dans cet Évangile, nous sommes invités à expérimenter la crainte de Dieu, la foi, et l’amour ! Ces trois composantes de l’Homme qui sont essentielles à notre vie et que nous entendrons tout à l’heure au point culminant de la célébration : l’Eucharistie.

Gloire soit rendue à notre Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles,  Amen.

Père Syméon Çuhaciender