Homélie: Nativité de Marie, Mère de Dieu – 08/21 septembre 2025
Lecture de l’Évangile selon saint Luc- Nativité de la Mère de Dieu (Lc X,38-42,XI,27-28)
En ce temps-là, comme Jésus était en chemin avec ses disciples, il entra dans un village, et une femme, nommée Marthe, le reçut dans sa maison. Elle avait une sœur, nommée Marie, qui, s’étant assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole. Marthe, occupée à divers soins domestiques, survint et dit : « Seigneur, cela ne te fait-il rien que ma sœur me laisse seule pour servir ? Dis-lui donc de m’aider. » Le Seigneur lui répondit : « Marthe, Marthe, tu t’inquiètes et tu t’agites pour beaucoup de choses. Une seule chose est nécessaire. Marie a choisi la bonne part, qui ne lui sera point ôtée. »
Tandis que Jésus parlait ainsi, une femme, élevant la voix du milieu de la foule, lui dit : « Heureux le sein qui t’a porté ! Heureuses les mamelles qui t’ont allaité ! » Et il répondit : « Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui la gardent ! »
Au Nom du Père, et du Fils, et du Saint Esprit
Avant de découvrir ensemble la beauté de l’Evangile d’aujourd’hui, je souhaiterais approcher cette joyeuse fête de la Nativité de Marie, Mère de Dieu. Marie est née de Joachim et Anne, appelés ancêtres de Dieu. Cette naissance a été miraculeuse étant donné que Anne était stérile. Après qu’un fidèle ait dit un jour à Joachim alors qu’il se rendait au Temple pour offrir à Dieu sa prière : « Il ne t’est pas permis de présenter ton offrande avec nous, car tu n’as pas d’enfant », Il partit le cœur douloureux dans la montagne pour supplier Dieu de mettre fin à ce temps de stérilité. Anne aussi priait avec ferveur de son coté, jusqu’à la visite de l’Ange Gabriel, le même qui visita Marie lors de l’Annonciation. Il lui annonça la naissance prochaine d’un enfant, qu’Anne s’empressa dans sa joie de confier à Dieu et « de la consacrer au Seigneur, pour qu’il Le serve tous les jours de sa vie ».
Quel merveilleux exemple en tant que parent ! De confier nos enfant par la prière à Dieu qui en prendra bien soin tout au long de leur existence, de leur vie. Durant sa première année, tout l’environnement de Marie fut pur, sain et saint. Lors d’un festin donné par Joachim, la petite Marie fut bénie abondamment par les prêtres et les princes, préfigurant sa vocation si particulière. Durant toute sa vie offerte à Dieu dans le Saint des Saints, Marie porta en elle de la manière la plus pure qui soit la vocation de chaque être humain, de chaque baptisé : Faire naître la Vie en soi, faire grandir le Christ dans la terre de notre cœur. Non d’un effort de notre volonté, mais dans une telle ouverture, dans une telle disponibilité que Dieu trouve en nous un espace vierge, complètement offert et ouvert dans la liberté pour y venir, y demeurer et s’y incarner.
Le Saint des Saints c’est la profondeur du cœur de la Mère de Dieu, de notre cœur. Le lieu où s’unissent le Créateur et Sa créature. Notre chère Mère, la Mère de Dieu a tout vécu avec une foi extraordinaire, conservant et méditant en son cœur tout ce qui était dit par les bergers au sujet de son Fils, acceptant jusqu’à la mort sur la Croix de son Fils, dans une totale obéissance à la Volonté de Dieu, par Amour pour Dieu, pour nous. Elle est devenue un Calice Vivant.
Sans essayer de devenir comme elle, n’y pensons même pas, nous pouvons essayer de l’imiter et l’Evangile du jour nous donne une petite clé pour commencer à cheminer.
Nous avons entendu le récit de Marthe et Marie. Je précise ici que c’est Marie de Béthanie, sœur de Marthe et Lazare, disciple du Christ. Marthe s’affaire à beaucoup de choses concernant le service et la préparation tandis que Marie écoutait la Parole du Seigneur. Ce passage est parfois interprété à tort, pensant que tous ceux qui s’affairent à s’occuper des tâches du quotidien, de préparer à manger, de s’occuper des enfants, sont blâmés de n’être pas assez disponibles à écouter sagement la Parole. Ce sont souvent nos épouses et nos mères qui tiennent ce rôle en paroisse d’ailleurs.
Le Christ ne reprend pas Marthe en lui disant « ce que tu fais ne sert à rien, c’est inutile », il ne la réprimande pas en disant « Arrête tout et viens ici », il l’interpelle plutôt en lui montrant l’état dans lequel elle se trouve, absorbée par ses activités, soucieuse et agitée. Il lui montre qu’en agissant ainsi, elle est effectivement en train d’accomplir un service louable et important, mais qu’elle le fait loin de la Présence de Dieu, contrairement à Marie qui se trouve juste aux pieds du Christ. Si on se regarde, on peut retrouver en soi Marie et Marthe. Dans beaucoup de nos activités du quotidien, dans nos rencontres avec les autres, quand nous recevons pour un diner ou une quelconque activité, nous dissocions notre vie spirituelle de notre vie dans le monde.
Pourtant chacun est d’accord pour dire que Dieu ne se trouve pas qu’à l’église le dimanche, Il est partout présent et Il remplit tout. Notre relation avec le Christ ne devrait pas se limiter à 30 min par jour, elle devrait être en permanence présente dans notre conscience, non comme une obsession mais plutôt à la manière dont une mère pense et aime son enfant à chaque instant même quand elle n’est pas avec lui. La prière est un état et non une formule. Ce n’est pas parce que je lis des textes que je prie, même si ces même textes ont jailli des profondeurs du cœur de nos saints Pères. Ce qui doit nous animer c’est l’Esprit qui a enflammé ces Pères au point de faire jaillir de leurs lèvres ces prières magnifiques.
C’est ce même Esprit qui nous fait vivre et que nous cherchons, que nous recevons selon la disponibilité de notre cœur. Nous dissocions donc notre capacité contemplative, notre désir de Dieu, Marie avec notre état soucieux, agité par les tâches quotidiennes accomplies en dehors de Dieu, Marthe. Peut-être que le but est d’unifier Marthe et Marie afin qu’en chaque chose, activité, nous ayons l’opportunité de rendre Grâce, de louer Dieu, que même au travail ou en famille, nous ayons conscience de la douce Présence du Christ qui nous parle et nous appelle.
D’approcher nos tâches simplement, sans stress, sans inquiétude. Moi le premier je vis du stress, de l’angoisse, de l’agitation, je comprends bien la difficulté de passer au-delà, mais c’est pourtant nécessaire et nécessite de la confiance, de l’abandon, du lâcher-prise. Cette partie de nous-même nous tire toujours plus loin de cet état paisible, à la manière dont Marthe essaye de tirer Marie pour l’emporter dans son tourbillon d’agitation. On voit d’ailleurs que c’est le Christ qui répond et non Marie. Il rappelle l’essentiel, qu’Il est au cœur de toute chose et qu’il ne tient qu’à nous par notre choix de nous tenir en Sa Présence à chaque instant. Par exemple, je cuisine, je me réjouis que ceux qui vont partager ce plat vont être nourris, j’y met de l’amour, je prie. Je m’occupe des enfants à la maison ou à l’église, je sacrifie et offre mon temps, mon être pour qu’ils ne manquent de rien et participent à la vie de l’église, je les aime, je prie.
Nous n’avons pas besoin d’être devant nos icônes pour que notre prière soit entendue, c’est bien d’avoir un lieu paisible, dédié à la prière chez soi, propice au recueillement mais ce n’est pas l’essentiel. L’essentiel nous l’avons entendu aujourd’hui c’est de « choisir la meilleure part », de se tenir au pieds du Christ et de l’écouter nous parler. Chers frères et sœurs, tout service est important et aimé de Dieu. Mais essayons d’accomplir nos services respectifs avec humilité dans la prière, c’est-à-dire de reconnaître sa vulnérabilité, sa faiblesse et de crier vers Dieu : « Aide-moi, sauve-moi, aie pitié de moi, sans Toi je ne peux rien faire ». Mais n’attendons pas d’être dans une situation critique avant de se tourner vers Dieu, apprenons plutôt à le chercher, le louer, lui rendre Grâce quand tout va bien. Alors en suivant l’exemple de la Mère de Dieu, accueillons la Parole en toute confiance, dans le don total de soi à Dieu. Que la Toute Pure Vierge Marie vous protège tous, qu’elle vous couvre de sa douceur et qu’elle intercède pour nous auprès de Son Fils.
Amen.