La fête orthodoxe de la Transfiguration du Seigneur au Mont Thabor, est l’une des 12 grandes fêtes orthodoxes. Elle se célèbre le 6/18 août (selon le calendrier suivi), toujours pendant le jeûne de la Dormition.

Trois évangélistes rapportent cet événement (Mt.17:1-9, Mc.9:1-8, Lc.9:28-36). La Transfiguration est la manifestation du Fils au témoignage du Père dans l’Esprit Saint, c’est-à-dire la révélation de toutes les Personnes de la Sainte Trinité.

La fête orthodoxe de la Transfiguration est bien plus qu’un événement ponctuel : elle constitue le mystère central de la vie spirituelle. Elle révèle la gloire divine du Christ, non comme un fait extérieur, mais comme une lumière intérieure accessible à l’homme purifié. Lors de fête orthodoxe de La Transfiguration: dans la lumière du Thabor, Dieu nous montre l’homme tel qu’il l’a voulu : beau, lumineux, restauré malgré la chute.

Cette fête ouvre l’espérance d’un ciel nouveau, d’une terre nouvelle, d’une vie en Dieu.

Cette beauté, c’est la lumière intérieure de l’âme, la puissance d’aimer inscrite au cœur, sa clarté profonde et vivante.

TROPAIRE ET KONDAKION de la fête orthodoxe de La Transfiguration

Tropaire, ton 7 Tu t’es transfiguré sur la montagne, ô Christ Dieu, / montrant à tes disciples ta gloire autant qu’ils pouvaient le supporter ; / fais luire aussi sur nous, pécheurs, / ta lumière éternelle, / par les prières de la Mère de Dieu, // Donateur de lumière, gloire à toi.

Kondakion, ton 7 Tu t’es transfiguré sur la montagne, / et tes disciples ont contemplé ta gloire autant qu’ils pouvaient le supporter, / afin de comprendre lorsqu’ils te verraient crucifié, ô Christ Dieu, / que ta Passion était volontaire, / et d’annoncer au monde // que Tu es en vérité le resplendissement du Père.

La Transfiguration, icône de la déification

L’icône de la Transfiguration comme chaque icône suit fidèlement le récit évangélique. La fête de la Transfiguration révèle le mystère de la déification. Dieu illumine l’homme dans tout son être. La lumière ne saisit pas seulement l’âme un instant. Elle l’habite, la transforme, la fait vivre en Dieu. C’est une communion constante, consciente, et vivifiante.

Le Christ au centre de l’icône

les iconographes placent une montagne au centre de la scène. Au sommet, le Christ se tient debout dans la lumière.
Il bénit de la main droite et tient un rouleau dans la gauche. Ce rouleau évoque l’Évangile et le Livre de Vie.

Une nuée lumineuse, symbole du mystère divine entoure le Christ. Elle prend la forme d’un cercle, d’une ellipse ou d’une étoile. Des cercles concentriques composent souvent cette nuée. Plus ils sont éloignés, plus leur teinte s’éclaircit. Parfois, l’anneau extérieur est plus sombre. Ce symbole reflète la lumière inaccessible de Dieu (1 Tm 6,16).
Plus on s’approche de Dieu, plus on saisit qu’il reste inconnaissable.

Le Christ bénit les apôtres et les croyants de tous les temps. Il appelle aussi chacun à le suivre. En priant devant l’icône, le fidèle reçoit cette bénédiction aujourd’hui. L’icône rend la présence du Christ réelle, ici et maintenant.

Moïse et Élie : témoins de la gloire divine

À droite et à gauche du Christ, on voit Moïse et Élie. Moïse représente la Loi, Élie incarne les Prophètes.
Ils entourent le Christ mais ne partagent pas pleinement sa gloire. La nuée ne les englobe pas entièrement.
Cela souligne que seul le Christ rayonne de la gloire divine. Moïse et Élie participent à la lumière, sans en être la source.

Les apôtres : bouleversés par la vision

En bas de l’icône, les apôtres Pierre, Jacques et Jean réagissent vivement. Leurs gestes et expressions montrent leur stupeur. Ils tombent, se protègent les yeux ou se prosternent. Cette représentation traduit leur bouleversement intérieur.

Les rayons : lumière donnée par la grâce

Trois rayons partent souvent du Christ vers les apôtres. Ils signifient que seul l’Esprit Saint leur permet de voir cette lumière. La vision du Thabor n’est pas naturelle : elle vient d’une grâce divine.

L’ascension et la descente : parcours spirituel

Les icônes représentent les apôtres trois fois : – les apôtres gravissant la montagne, – au sommet devant le Christ,
– puis redescendant.
Ce mouvement exprime leur transformation intérieure. Ils montent dans l’inconnu, ils voient la gloire, puis redescendent spirituellement transformés. La Transfiguration devient ainsi une icône de tout chemin spirituel.

Le sens de la fête orthodoxe de La Transfiguration du Sauveur

Gravir son Propre Thabor : une Exigence de Purification

Pour s’en approcher, il faut gravir son propre Thabor, c’est-à-dire purifier son cœur des passions, afin de laisser l’Esprit Saint transfigurer l’homme de l’intérieur.

C’est dans la pureté du cœur que l’on peut voir Dieu. Cette vision n’est pas intellectuelle mais existentielle, rendue possible par la métanoïa, ce retournement intérieur sans lequel aucune transformation réelle ne peut avoir lieu. La Transfiguration n’est donc pas simplement un événement du passé, mais une réalité toujours actuelle, un appel à la déification (théosis) à travers l’union avec le Christ vivant en nous.

La Vision de Dieu dans la Pureté du Cœur

Ainsi, dans la tradition orthodoxe, la Transfiguration est à la fois révélation du Royaume déjà présent et anticipation de la gloire à venir. Elle est une invitation permanente à la conversion du cœur, à la purification intérieure, et à la participation à la lumière incréée de Dieu. Ainsi, nos sens corporels, transformés par la grâce de l’Esprit- Saint, peuvent, comme ceux des apôtres, contempler la lumière du Dieu vivant.

Une Anticipation de la Gloire et un Appel à la Déification

De cet événement de la fête orthodoxe de la Transfiguration , il se dégage trois moments pour notre édification spirituelle : d’abord la montée, c’est-à-dire l’ascèse, la purification du cœur , la lutte contre les passions ; ensuite le repos, la joie, la contemplation de la présence de Dieu, la communion à Dieu ; et enfin, la redescente dans la plaine, dans le quotidien, dans la banalité de l’instant. Cette succession constitue la trame de notre existence selon que notre vie dans l’Eglise suit ce rythme comme une sorte de respiration liturgique et plus particulièrement lorsque nous nous préparons à la Divine Eucharistie.

La Transfiguration a, en ce sens, un caractère eschatologique ; elle est, selon les mots de saint Basile, l’inauguration de la glorieuse parousie, du second Avènement du Christ.

Transfiguration et Crucifixion : un seul mystère de gloire et de kénose

Le lien profond entre la Transfiguration du Christ et sa Crucifixion est mis en lumière par l’hymne liturgique du kondakion : le Christ se révèle dans sa gloire sur le Thabor pour préparer ses disciples à reconnaître, dans l’épreuve de la Croix, la libre offrande de son amour. Ainsi, la lumière du Thabor éclaire les ténèbres du Golgotha : les deux événements forment une seule et même théophanie.

Ce mystère unit la gloire divine et l’humiliation de la Croix. Toute véritable transfiguration passe par le chemin du sacrifice ; la lumière ne se donne qu’au prix de la kénose. En cela, la joie pascale s’enracine dans la souffrance offerte. Thabor et Golgotha ne s’opposent pas : ils s’interprètent mutuellement et s’accomplissent dans la Résurrection.

Pour les disciples d’hier comme pour les croyants d’aujourd’hui, suivre le Christ, c’est l’accompagner dans sa gloire autant que dans sa passion. Notre espérance naît de cette certitude : la Croix, loin d’être un échec, est le passage obligé vers la lumière de La Résurrection.

La Lumière du Thabor : Manifestation de la Gloire Divine

La lumière qui rayonne du Christ au sommet du Thabor est, selon les Pères de l’Église, la manifestation visible de la gloire divine. Ce n’est pas une lumière créée, mais l’énergie divine incréée, cette lumière « inaccessible et sans déclin » dont parle le Père Sophrony : elle est la lumière unique de la Sainte Trinité, éternelle et immuable.

Une Lumière Trinitaire et Christique

La Transfiguration est aussi une révélation trinitaire : le Christ est transfiguré, la voix du Père se fait entendre, l’Esprit est présent dans la lumière. Les hymnes liturgiques de la fête proclament :

« Dans ta lumière en ce jour au Thabor, nous avons vu la lumière du Père, la lumière de l’Esprit ».
Mais cette révélation est en même temps profondément christologique : le Christ est manifesté comme Lumière née de la Lumière, consubstantiel au Père, selon les mots du Credo. Il est la lumière éternelle, Verbe du Père, resplendissant de la gloire divine qui est sienne de toute éternité.

Le Christ ne Change Pas, ce Sont les Apôtres Qui S’ouvrent

Les grands spirituels orthodoxes insistent : le Christ ne devient pas autre au Thabor. Comme le dit Saint Jean Damascène, il manifeste ce qu’il est de toute éternité, et non quelque chose qu’il ne serait pas. Saint André de Crète ajoute :

« Il est resté ce qu’il était avant ».

Ainsi, selon Paul Evdokimov, la véritable transfiguration ne touche pas le Christ, mais les apôtres : c’est leur regard qui est illuminé par l’Esprit Saint. Ils voient pour la première fois, à travers les yeux de la foi purifiée, la réalité divine du Maître qu’ils suivaient.

Une Lumière Liturgiquement Contemplée et Vécue

L’Église orthodoxe ne célèbre pas seulement un événement passé, elle entre liturgiquement dans le mystère de cette lumière. Les hymnes de vêpres, matines et de la divine liturgie sont autant de portes ouvertes vers cette lumière du Thabor, que le fidèle est appelé à contempler et à recevoir, dans la mesure où il se purifie et se laisse transfigurer intérieurement.

La fête orthodoxe de La Transfiguration: une lumière qui transfigure l’Homme

La lumière du Thabor n’est ainsi pas seulement révélatrice de la gloire du Christ, elle est aussi transformatrice pour l’homme. Elle révèle ce à quoi il est appelé : être rempli de la lumière divine, participant de l’énergie de Dieu par l’Esprit Saint. La Transfiguration est ainsi à la fois théophanie, christophanie et anthropophanie : elle manifeste Dieu, révèle le Christ, et transforme l’homme.