La canonisation (du latin canonizatio, issu du grec κανών – « règle », « norme ») désigne la reconnaissance officielle par l’Église qu’un fidèle, juste parmi ses membres, appartient au nombre des saints. Elle marque son inscription publique au sein du canon des saints.
Cependant, cette reconnaissance ne signifie pas que seuls les canonisés aient atteint la sainteté : beaucoup de saints sont morts dans l’humilité et demeurent inconnus des hommes.
Dans un sens plus large, la canonisation exprime la glorification du témoignage vivant de l’Incarnation du Christ et de la déification de l’homme, but ultime de la vie chrétienne.
Elle représente l’acte solennel de la plus haute autorité ecclésiastique, confirmant l’authenticité d’une communion de prière réelle et durable entre les fidèles (vivants et défunts) et un serviteur de Dieu. Cette reconnaissance s’appuie sur l’expérience tangible de prières exaucées, d’aides spirituelles et de grâces obtenues par son intercession.
Lorsque ce lien spirituel devient évident pour l’ensemble de l’Église, celle-ci procède alors à la canonisation du saint nouvellement révélé — un véritable témoin de Dieu et un intercesseur éprouvé pour les croyants.
Sommaire
- 1 Quelques saints orthodoxes
- 2 Saints et canonisation dans l’Église orthodoxe- L’unité de l’Église terrestre et céleste
- 3 Les Saints et la canonisation dans l’Église orthodoxe : reconnaissance de la sainteté par l’Église
- 4 Les catégories de saints orthodoxes dans l’Église ancienne
- 5 Vénération universelle et vénération locale des saints orthodoxes
- 6 Procédure actuelle de canonisation des saints orthodoxes
- 7 Limites de la glorification des saints orthodoxes
- 8 La vénération préalable des ascètes pieux
Quelques saints orthodoxes
Saints et canonisation dans l’Église orthodoxe- L’unité de l’Église terrestre et céleste
L’Église du Christ ne se limite pas au monde visible : elle comprend aussi l’Église triomphante du ciel, où demeurent les anges, la Mère de Dieu et les âmes des justes. Une communion continue unit les fidèles vivants et les saints défunts, à travers la prière et l’intercession. Les saints prient pour le monde, et leur vénération ne constitue pas un culte divin, réservé à Dieu seul. Honorer les saints revient, en réalité, à glorifier Dieu, source de leur sainteté.
On peut dire que la prière aux saints est une forme de prière à Dieu. Selon les paroles du révérend Païssios de La Sainte-Montagne,
« nos prières à la Très Sainte Mère de Dieu et aux saints sont finalement toutes adressées au Christ ».
Les Saints et la canonisation dans l’Église orthodoxe : reconnaissance de la sainteté par l’Église
Dieu seul juge les âmes, mais l’Église, guidée par l’Esprit, reconnaît certains défunts comme ayant plu à Dieu. La canonisation est cet acte ecclésial par lequel un fidèle défunt est reconnu comme saint et reçoit un culte public. Elle relève du droit canonique, car elle institue officiellement la vénération du saint dans la liturgie.
Les catégories de saints orthodoxes dans l’Église ancienne
Dans l’Antiquité, l’Église orthodoxe distinguait trois grandes catégories de saints :
-
Les patriarches, prophètes et apôtres : reconnus dès les origines.
-
Les martyrs, honorés pour leur sang versé pour le Christ.
-
Les ascètes et justes, reconnus pour leur vie sainte et leurs miracles.
Les hiérarques (évêques) furent d’abord canonisés de par leur charge, puis pour leurs mérites personnels. Le don des miracles, de leur vivant ou après leur mort, constituait le signe principal de la reconnaissance divine de leur sainteté.
Vénération universelle et vénération locale des saints orthodoxes
Les saints sont classés selon l’étendue de leur culte :
-
Saints universels, vénérés dans toute l’Église orthodoxe (et parfois au-delà, dans l’Église catholique ou les Églises orientales non chalcédoniennes).
-
Saints locaux, honorés dans une région, un diocèse, un monastère ou une paroisse.
Lorsqu’un saint local est canonisé, son nom peut être communiqué aux autres Églises pour être intégré à leur calendrier liturgique, comme ce fut le cas pour saint Herman d’Alaska ou saint Silouane l’Athonite.
Procédure actuelle de canonisation des saints orthodoxes
Aujourd’hui, dans l’Église orthodoxe russe, la canonisation d’un saint local est prononcée par l’évêque du diocèse, avec la bénédiction préalable du patriarche.
Les critères principaux sont :
-
Orthodoxie irréprochable de la foi ;
-
Vie ascétique et pure ;
-
Vénération populaire ;
-
Miracles accomplis de leur vivant ou après leur mort ;
-
Parfois, incorruptibilité des reliques.
Pour les martyrs, le témoignage du sang versé pour le Christ suffit.
Limites de la glorification des saints orthodoxes
La glorification ne signifie pas que les saints furent sans péché : seul le Christ est parfait. L’Église ne considère pas leurs paroles ou écrits comme infaillibles, même si leur autorité spirituelle est grande.
La vénération préalable des ascètes pieux
Avant la canonisation officielle, les fidèles vénèrent souvent spontanément certains ascètes réputés pour leur sainteté. On prie sur leurs tombes, on chante des panikhides et on compose des offices en leur honneur. Cette vénération populaire précède souvent la reconnaissance officielle de la sainteté par l’Église.
La glorification des saints orthodoxes repose sur la conviction que la sainteté est une manifestation de la grâce divine. Par la canonisation, l’Église reconnaît publiquement ceux en qui Dieu a révélé sa gloire, tout en rappelant que cette reconnaissance n’ôte rien à la primauté du culte rendu à Dieu seul.
