Homélie Dimanche du Paralytique

Homélie dimanche 20 juillet 2025 / Dimanche du Paralytique (Mt 9, 1-8)

Lecture de l’Évangile selon saint Matthieu (du jour) (Mt IX,1-8)
Jésus, étant monté dans une barque, traversa la mer, et alla dans sa ville. Et voici, on lui amena un paralytique couché sur un lit. Jésus, voyant leur foi, dit au paralytique : « Prends courage, mon enfant, tes péchés te sont pardonnés ». Sur quoi, quelques scribes dirent au dedans d’eux : « Cet homme blasphème ». Et Jésus, connaissant leurs pensées, dit : « Pourquoi avez-vous de mauvaises pensées dans vos cœurs ? Car, lequel est le plus aisé, de dire : “Tes péchés sont pardonnés”, ou de dire : “Lève-toi, et marche ?” Or, afin que vous sachiez que le Fils de l’homme a sur la terre le pouvoir de pardonner les péchés : Lève-toi, dit-il au paralytique, prends ton lit, et va dans ta maison. » Et il se leva, et s’en alla dans sa maison. Quand la foule vit cela, elle fut saisie de crainte, et elle glorifia Dieu, qui a donné aux hommes un tel pouvoir.

Au Nom du Père, et du Fils et du Saint Esprit, Amen.
Chers frères et sœurs en Christ,

Avant d’approcher l’Évangile, j’aimerais vous inviter à relire l’Épître du jour. C’est un merveilleux témoignage de ce à quoi devrait ressembler la vie chrétienne. Simple, vécue mais aussi exigeante.

Nous célébrons ce dimanche l’Évangile du paralytique. J’avais approché il y a deux semaines la paralysie du serviteur, de l’enfant du Centurion. La semaine dernière, nous entendions Jésus guérir le possédé au Pays des Gadaréniens.

J’aimerais avec vous faire aujourd’hui le lien avec 2 ou 3 points essentiels de la Bonne Nouvelle d’aujourd’hui.
D’abord posons-nous la question comme toujours, où suis-je dans cet évènement ? Parmi la foule ? Le paralytique ? Un scribe ou un pharisien ? Le Christ ? Un de ceux qui porte le malade ? Cela nous permet de découvrir en partie ce que l’Évangile nous révèle de nous-même.
Cet homme est paralysé, c’est-à-dire incapable de se mettre en mouvement. L’évangéliste Marc nous précise que 4 hommes le portent, le soulèvent sur son grabat. Ils se trouvent alors dans l’impossibilité de rentrer dans la maison où se trouve le Christ à cause de la foule qui écoute Jésus annoncer la Parole. Ils montent alors sur le toit, le découvrent,
creusent un trou et font descendre le grabat où repose le paralytique jusqu’au Christ.

Quelle belle image, le malade est descendu dans un lieu qui lui est inconnu afin de rencontrer le Christ Lui-même ! De même, nous avons à descendre dans nos profondeurs, dans notre enfer avec notre grabat, afin d’y rencontrer en face à face le Dieu Vivant qui nous guérit par la puissance du Verbe. Le Christ voit LEUR foi. Il voit la foi de ceux qui le portent ! Il voit la foi de ceux qui croient véritablement que le Christ peut le guérir, qui aiment assez l’homme
paralysé pour l’emporter au-delà de la foule afin qu’il trouve la Vie, dans un élan d’espérance ils croient que le Christ va le guérir. Cet acte est véritablement celui de l’Église. Lorsque nous voyons un frère, une sœur, chuter, en difficulté, perdu, nous sommes appelés à les porter immédiatement auprès du Seigneur par la prière. Dans un amour fraternel et compatissant, en leur laissant la possibilité d’exister dans une vie nouvelle, celle de l’Homme debout, en
marche.
Quels sont les premiers mots du Christ ? On peut imaginer son regard se poser sur le paralytique, sur nous ! Et nous dire : « Courage, aie confiance mon enfant, tes péchés sont remis. »
Quelle phrase d’une puissance extraordinaire. Croyons-nous véritablement que Dieu remet nos péchés ? Comment cette phrase impacte directement ma vie et de manière absolue ?! Saint Silouane nous dis que Dieu nous pardonne à l’instant même où nous exprimons ne serait-ce qu’un léger soupir de regret.

Mais recevons-nous vraiment ce pardon ? C’est parfois très douloureux de l’accepter. La Miséricorde de Dieu nous paraît tellement immense, infinie que nous préférons la rabaisser à nos propres limites. « Mais non, Dieu ne peut pas pardonner ça, c’est trop grave ce que j’ai fait » Comme si nous méritions de souffrir pour expier notre faute, comme si nous considérions notre péché comme plus fort que l’Amour de Dieu ! Non.

Le starets Thadée, il me semble, a vécu une expérience dans son enfance. Un de ses frères ayant blessé verbalement leur mère, le regretta amèrement et pleura. Il s’approcha plus tard prêt à recevoir une éventuelle punition, ce à quoi leur mère répondit : « Tes larmes te suffisent. ». Quelle merveilleuse réponse. Elle ne l’a pas condamné de la même manière que le Christ n’a pas condamné Pierre qui pleura amèrement après l’avoir renié. Elle à compris
que sa douleur était suffisante.
Mais qu’est-ce que le péché ? C’est un état de division intérieure, un état où je me sépare de Dieu librement ou non, consciemment ou inconsciemment. Dans cet état je manque le but de ma vie chrétienne, humaine, je me détourne de ma nature profonde d’Être humain à l’Image de Dieu. Je rejette la Vie en moi. C’est un mystère étrange que le mal. Il n’existe pas en soi, il n’existe et prend pouvoir qu’au travers de mes passions, de mes failles. Ce qui est mal ce n’est pas le mal, ce qui est mal c’est de faire le mal. Lorsque que j’accepte de me faire dominer, de devenir esclave.
Jésus nous guérit de tout cela par cette parole créatrice, qui nous recrée, « tes péchés sont remis. ». Ces mots que chaque fidèle entend lors de la confession, mots prononcés par le Christ pour chacun d’entre nous. Nous l’entendons également après la communion, moment extrêmement important souvent oublié.
Ces mots doivent changer notre vie, nous avons la possibilité de véritablement exister, d’être renouvelés par l’Esprit Saint, d’accueillir ce pardon et de guérir dans la relation d’amour avec Dieu. Ça ne veut pas dire que je ne chuterais plus, au contraire les tentations se font parfois plus fortes ! Mais autant de fois que je chuterais, autant de fois je prendrais la main que le Seigneur nous tend pour nous relever, sans culpabiliser.

Revenons à l’Évangile. Je souhaiterais passer directement au moment où le Christ s’adresse une deuxième fois au paralytique pour lui dire de se lever, de prendre son grabat et de marcher, de rentrer chez lui. La première fois l’homme s’est trouvé purifié de ses péchés, comme un baptême, mais il a besoin maintenant de se mettre en action, de faire vivre sa foi renouvelée.
Il lui demande de retourner chez lui. Mais où est-ce qu’il habite ? Où se trouve la demeure de cet homme ? Où se trouve notre demeure en tant que chrétiens ? Elle se trouve dans le Royaume des Cieux, dans la communion avec Dieu, mais avant cela, soyons nous même la, demeure de Dieu en préparant notre cœur, notre être, parce que le Fils
de l’Homme n’a pas de lieu où reposer la tête. Cette maison que nous retrouverons à la fin de notre existence dans ce monde, après nous être préparés selon les possibilités de chacun, là où Dieu nous accueillera en demandant : « Qu’as-tu fais de ta vie ? » « Veux tu de moi ? » « Comment as-tu aimé ? »
Mais pourquoi lui demande-t-il de récupérer son grabat ? Qui a envie après avoir vécu un événement de cette ampleur, repartir avec ce fardeau ? Cela nous permet peut-être de ne jamais oublier la blessure du péché, de nous préserver de l’orgueil et de la vaine gloire, de ne jamais oublier la Grâce que Dieu nous a accordé par Son pardon afin de lui chanter des louanges et actions de Grâce ! Ce grabat peut aussi représenter notre croix personnelle. Nous rappelant que même après avoir été pardonné, purifié, remis debout et en marche, le combat ne s’arrête pas, la chute est encore possible, il s’intensifie même parfois, et nous maintenir éveillés et attentifs comme les Vierges Sages.
Alors chers frères et sœurs, mettons-nous en marche nous aussi comme le paralytique, confiants d’avoir été renouvelé en Dieu par Son Amour et au travers des sacrements de l’Église. Gardons l’espérance et confions-nous nous-même, les uns les autres et toute notre vie au Christ notre Dieu.
Amen

Père Syméon Çuhaciender