Sommaire
- 1 Une iconostase orthodoxe qu’est-ce que c’est?
- 2 Quel est le sens de l’iconostase orthodoxe?
- 3 Ouspensky et « la question de l’iconostase »
- 4 Le contenu iconographique d’une iconostase orthodoxe:
- 5 1- Les Patriarches: la galerie du haut de l’iconostase orthodoxe:
- 6 2- Les Prophètes: le deuxième registre en partant du haut
- 7 3- Les Fêtes: le troisième registre de l’iconostase orthodoxe
- 8 4- La Déisis: le quatrième registre
- 9 5- Les icônes locales: le cinquième registre en partant du haut
- 9.1 Des iconostases pour notre temps- Nicolas OZOULINE
- 9.2 L’espace liturgique- Prêtre Alexandre Galaka- Institut Théologique Orthodoxe St Serge
- 9.3 Connotations symboliques expressives de la couleur dans la peinture de l’iconostase-
- 9.4 L’iconostase et l’espace sacré dans l’église russe aux XIVe et XVe siècles : d’où provient le développement en hauteur de cette iconostase ?
- 9.5 Schmemann : l’Eucharistie sacrement du Royaume (chap 1, comm 9) : l’iconostase comme retournement liturgique
Une iconostase orthodoxe qu’est-ce que c’est?
L’ iconostase orthodoxe est une paroi, de bois ou de pierre dans les églises de rite byzantin, le plus souvent orthodoxes, elle porte des icônes. Elle partage les lieux en deux parties: l’une, où se tient le clergé célébrant (sanctuaire, prothèse ) du reste de l’église où se tiennent le chœur, le clergé non célébrant et les fidèles.
Les origines de la clôture du sanctuaire remontent à l’Antiquité. Et l’iconographie est apparue très tôt sur la clôture du sanctuaire.
Le terme d’iconostase s’applique lorsque la clôture du chœur se remplit d’icônes dans le cadre d’un programme connu.
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Quel est le sens de l’iconostase orthodoxe?
Pour la théologienne orthodoxe Élisabeth Behr-Sigel(1907-2005), l’iconostase orthodoxe, « symbolise la distinction sans séparation en même temps que la rencontre, dans la liturgie, du monde céleste, éternel, et du monde terrestre, éphémère ; de l’Église glorieuse déjà élevée aux cieux en Christ et en la personne de la Mère de Dieu, et de l’Église souffrante et militante, en chemin ». De ce fait chez les orthodoxes l’Église « ciel sur la terre », se doit d’être tout entière une icône du Royaume.
De même, Léonide Ouspensky, grand spécialiste de l’icône russe explique que l’iconostase dans l’Église orthodoxe:
« Les Pères la comparent à la limite entre deux mondes : le divin et l’humain, le monde éternel et le monde passager »
Ouspensky et « la question de l’iconostase »
Léonide OUSPENSKY est l’auteur de l’étude « La question de l’iconostase » publiée en 1963. Son article est dans son livre L. OUSPENSKY et et V. LOSSKY, Le sens des icônes, Paris, 2003, (p. 55-64)
L. Ouspensky est l’ auteur d´une grande œuvre qui touche à toutes les dimensions de l´art liturgique de l´Église orthodoxe, Il est l’un des grands iconographe et iconologue à avoir présenté une des premières interprétations cohérentes de ce qu’il appelle l’iconostase classique.
Il est né à Zadonsk en Russie en 1902, décédé en France en 1987.
Selon lui, celle-ci consiste en cinq rangées d’icônes : la rangée dite locale, celle de la Déisis, celle des fêtes liturgiques et celles des prophètes et des patriarches, le tout surmonté d’une croix.
Le contenu iconographique d’une iconostase orthodoxe:
C’est précisément une telle «iconostase classique à cinq rangées» qui représente selon Léonide Ouspensky mieux qu’aucune autre version «le voile déchiré de la chair du Christ qui grâce à son contenu iconographique n’est pas une séparation, mais au contraire l’union de deux mondes – terrestre et céleste – tout en marquant la délimitation entre eux»
« Dans l’iconostase, le sacrement eucharistique est décrit, son mystère est dévoilé aux yeux des fidèles. L’iconostase haute transcrit visuellement cette réalité spirituelle. Le programme iconographique qu’elle développe donne à voir toute l’économie, toute l’organisation du salut qui est présente dans le sacrement de l’eucharistie. De haut en bas, l’iconostase retrace l’histoire du salut, de l’Ancien au Nouveau Testament. Rappelons son programme iconographique habituel » Catherine Bortoli-Doucet
1- Les Patriarches: la galerie du haut de l’iconostase orthodoxe:
La série supérieure de l’iconostase représente les patriarches de l’Ancien Testament d’Abraham jusqu’à Moïse. Au centre de ce registre se place une icône représentant La Sainte Trinité. La rangée supérieure, celle des patriarches, représenté l’Église vétéro-testamentaire d’Adam à Moïse, la période avant la Loi, en la personne des patriarches portant des phylactères, déployés avec des textes appropriés. Au milieu est placée … l’apparition à Abraham près du chêne de Mambré.
Dans les fresques, on retrouve les patriarches au niveau inférieur. La Croix surmonte toujours l’iconostase.
2- Les Prophètes: le deuxième registre en partant du haut
Ce registre représente les Prophètes de l’Ancien Testament de Moïse jusqu’à Jésus de Nazareth. Au centre de cette galerie se trouve une icône de Notre Dame du Signe.
La Vierge du signe représente la liaison entre l’Ancien et le Nouveau Testament.
La rangée des prophètes représente l’Église vétéro-testamentaire de Moïse jusqu’au Christ, la période sous la Loi. Elle consiste en images de prophètes portant également des rouleaux avec des textes de leurs prophéties sur l’Incarnation.
Au centre de cette rangée l’icône de notre Dame du Signe est une transposition en image de la prophétie d’Esaïe (VII, 14) : « Le Seigneur Lui-même vous donnera un signe : « Voici une Vierge deviendra enceinte ; elle enfantera un Fils et Il sera appelé Emmanuel » ». La représentation de la Mère de Dieu avec l’Enfant Emmanuel dans son sein, est ce signe, annoncé par le prophète…
À droite de l’icône de La Vierge du Signe (à gauche pour le spectateur), on peut voir généralement : 1-David ; 2-Zacharie (le père du Précurseur Jean Baptiste) ; 3- Moïse ; 4-Samuel ; 5-Nahum ; 6-Daniel ; 7-Hebacue
À gauche de l’icône de La Vierge du Signe (à droite pour le spectateur), il y a : 8-Salomon ; 9-Ezéchiel ; 10-Aggie ; 11-Elie ; 12-Malachie ; 13-Elisée ; 14-Zacharie
Ces deux galeries du haut montrent la préfiguration de l’Église néo-testamentaire, sa préparation par les ancêtres du
Christ selon la chair et son annonciation par les prophètes. Ainsi l’icône de l’Incarnation au milieu du rang
des prophètes indique le lien direct entre l’Ancien et le Nouveau Testament.
3- Les Fêtes: le troisième registre de l’iconostase orthodoxe
Directement au dessus des portes royales se place l’icône de la Cène. La série proprement dit comprend les icônes des Fêtes solennellement célébrées par l’Église. Les icônes sont disposées chronologiquement suivant l’ordre du calendrier ecclésiastique. Il y a 6 icônes pour le Christ : Noël, la Présentation au Temple, l’Entrée à Jérusalem, l’Ascension, la Transfiguration et le Baptême. Il y a 4 icônes pour La Mère de Dieu et toujours Vierge Marie : la Naissance de la Vierge Marie( 8 septembre), la Présentation au Temple de la Vierge Marie( 21 Novembre), l’Annonciation (25 Mars) et La Dormition( 15 août). On dispose deux autres icônes de La Crucifixion selon la période de l’année. S’il reste un peu de place, se joignent les icônes de fête de moindre importance comme la Résurrection de Lazare, la Descente aux Enfers, le Noël Christique ou la Trinité.
La rangée des fêtes, représente la période néo-testamentaire, celle de la grâce. Elle exprime la réalisation de ce qui avait été annoncé dans les deux rangées supérieures.
En Russie on plaça cette rangée au-dessus de la Déisis. On obtint ainsi une succession logique…
De même que les patriarches et les prophètes avaient précédés l’Incarnation dans le temps, de même les rangées qui
les représentent précèdent de façon immédiate la rangée de l’Incarnation – celle des fêtes.
Cette rangée est habituellement composée des icônes de Pâques et de celles des fêtes principales, dites
duodécimales – six fêtes du Christ : La Nativité, Le Baptême, La Sainte Rencontre, l’Entrée à Jérusalem,
l’Ascension, La Transfiguration, de quatre fêtes de la Mère de Dieu : sa Nativité, sa Présentation dans le
Temple, l’Annonciation, La Dormition et deux icônes essentiellement ecclésiologiques : celles de la
Pentecôte et de l’Exaltation de La Très Sainte Croix. Habituellement, on dispose ces icônes en suivant l’ordre de
l’année liturgique.
4- La Déisis: le quatrième registre
La rangée suivante est celle de la Déisis. Les anges et les saints – les apôtres, les martyrs, les évêques et les
moines, se joignent en intercesseurs au sujet central : à l’icône tripartite de la Déisis. La Déisis signifie prière ou intercession. Le centre de cette série est l’icône du Sauveur en Majesté venu juger le Monde. La Vierge Marie à droite et Saint Jean-Baptiste à gauche entourent Le Christ Sauveur. Ensuite, Les archanges, les apôtres, les martyrs et tous les personnages ayant le grade de la sainteté suivent.
À droite de l’icône de la Vierge Marie, on peut voir habituellement :
1- l’Archange Saint-Michel ; 2- l’Apôtre Pierre ; 3- Basile de Césarée ; 4- Jean Chysostome ; 5- le moine Zocima ; 6- Saint-Georges
À gauche de l’icône de Saint Jean-Baptiste, il y a : 7- l’Archange Gabriel ; 8- l’Apôtre Paul ; 9- Saint-Grégoire le Théologien ; 10-Saint-Nicolas ; 11-le moine Savvati ; 12- le grand martyr Dimitri
5- Les icônes locales: le cinquième registre en partant du haut
La rangée inférieure de l’iconostase orthodoxe s’appelle la rangée « locale » : de chaque côté des portes royales se
trouve une grande icône – habituellement celle du Christ et, à Sa droite (à gauche par rapport au
spectateur) celle de La Mère de Dieu avec l’Enfant. En plus, on y place celle du saint ou de la fête auxquels
l’église est dédiée et éventuellement celles des saints ou des saintes particulièrement vénérés en ce lieu ».
Les Portes Royales ou Grandes Portes sont des portes à deux battants avec le haut façonné. Sur la partie supérieure des portes, il y a une icône de l’Annonciation. Sur la porte de droite face au spectateur on observe La Mère de Dieu et sur la porte de gauche on peut voir l’Archange Gabriel sur la porte gauche. Plus bas, on dispose les quatre évangélistes. Saint Jean et Saint Luc se trouvent sous l’Archange Gabriel, Saint Mathieu et Saint Marc sous la Vierge Marie.
Dans cette galerie inférieure de l’iconostase, les icônes du Christ Sauveur et la Sainte Mère de Dieu sont placées de part et d’autres des portes royales.
A la Porte Nord, on place généralement une icône de l’Archange Saint Michel et à la Porte Sud une icône de l’Archange Gabriel.
Des iconostases pour notre temps- Nicolas OZOULINE
L’iconostase orthodoxe- n-ozoline.pdf
L’espace liturgique- Prêtre Alexandre Galaka- Institut Théologique Orthodoxe St Serge
l-espace-liturgique-pdf Le fascicule du cours de Père Alexandre Galaka traite de L’Édifice et des objets liturgiques de l’église orthodoxe– voir page 23 pour l’iconostase orthodoxe
Connotations symboliques expressives de la couleur dans la peinture de l’iconostase-
Victoria Alina Man (Grădinar)
connotations-symboliques-expressive-couleur-dans-iconotase.pdf
L’iconostase et l’espace sacré dans l’église russe aux XIVe et XVe siècles : d’où provient le développement en hauteur de cette iconostase ?
Auteur: Catherine Bortoli-Doucet
Article : in Michel Kaplan (dir.), Le sacré et son inscription dans l’espace à Byzance et en Occident- © Éditions de la Sorbonne, 2001, p. 43-60
L’iconostase et l’espace sacré